Dialogues & duels : Français & italiens, viole & violoncelle
Ce programme s’articule à la charnière de deux conflits, de deux luttes d’intérêt : la lutte que se livre en France les styles italiens et français d’une part, et la lutte pour sa survie de la viole de gambe face « aux prétentions du violoncelle » (Leblanc) d’autre part.
A partir du règne de Louis XIV, le style italien, de plus en plus au goût du jour avec sa simplicité mélodique bondissante et virtuose, ses qualités d’écriture instrumentale, son discours harmonique très clair, vient bousculer le style français, plus solennel, très orné, plus complexe, plus allusif aussi. Peu à peu l’Italie infuse et se diffuse dans la musique française. Le jeune François Couperin prend un pseudonyme pour publier des œuvres italianisantes, connaissant les réticences de ses contemporains face aux nouveautés, mais charmé qu’il était par les œuvres de Corelli. Plus tard, dans ses «Goûts réünis» (1724), il livre une musique qui mêle les deux styles. Bien des titres des compositeurs français évoquent désormais l’Italie, sans parler de leurs compositions qui accueillent de plus en plus les traits du style italien.
La viole de gambe, instrument du style français s’il en est, cède le pas parallèlement au violoncelle, venu d’Italie et plus puissant. A la cour, à l’opéra ou à la ville, la musique réunit de plus en plus de public, les salles s’agrandissent, le son devient plus puissant, l’intimité recule. Les rôles se précisent : la basse s’accentue, la mélodie se profile, l’harmonie est confiée au clavier, toutes dimensions que la viole pouvait remplir à elle seule.
Renaud Bouvier
Programme
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