Conversations passionnées
Johann Georg Sulzer, philosophe et théoricien de l’esthétique, décrivait la sonate en trio idéale « pleine de sensibilité » en ces termes dans sa « Théorie générale des beaux-arts » (1771-1774) :
« Les voix s’opposent souvent dans leur expressivité et entrent pour ainsi dire en conflit l’une avec l’autre ». Selon lui, elle devait traduire en musique « une conversation on ne peut plus passionnée entre des personnages soit similaires, soit aux caractères fortement contrastés. [...} Des imitations chantantes, des entrées inattendues et mélodieuses, où l’une des voix coupe pour ainsi dire la parole l’autre ; un déroulement mélodique qui reste intelligible d’un bout à l’autre, et comprend des cadences bien marquées […} ; ainsi que, pour plus de variété, des difficultés et des traits d’importance, qui parachèvent l’œuvre et font du trio l’une des pièces les plus agréables du répertoire de musique de chambre. » Sulzer constatait par ailleurs : « Les bons trios de ce type sont cependant chose rare ».
Toujours selon Sulzer, les sonates de Carl Philipp Emanuel Bach étaient des modèles du genre. Elles “sont si expressives que l’on n’a pas l’impression d’entendre des notes, mais plutôt un langage intelligible, qui parle à notre sensibilité et à notre imagination, tout en nous divertissant. […]. Les sonates de ce compositeur, qui font intervenir deux voix principales qui s’entretiennent avec une basse comme accompagnement, sont de véritables conversations musicales, empreintes d’une passion authentique ; si quelqu’un ne parvient pas à la ressentir ni même à la percevoir, qu’il n’oublie pas que ces sonates ne sont pas toujours exécutées comme elles devraient l’être”. »
Ce concert sera l’occasion de fêter la sortie du CD récemment paru avec ce programme, témoin de l’amitié musicale des deux musiciens…
Programme
Sonate en trio
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