Georg MUFFAT, extraits de l'Armonico Tributo
Né à Megève en 1653, est encore injustement peu connu du grand public. C’est pourtant un des plus grands compositeurs du XVIIe aux côtés de Lully, Corelli et Biber qu’il a tous côtoyés, dont il a beaucoup appris et dont il est le premier à vouloir concilier les styles dans un vaste projet artistique.
Il part très jeune à Paris pour y étudier la musique puis déménage en Bavière puis voyage par la suite à Vienne et à Prague pour chercher du travail. C’est dans ces villes, au contact de Schmelzer et Kerll qu’il découvre le style austro-allemand fait d’éléments français, italiens et locaux et premier témoignage de ce « style mélangé ».
En 1678, il devient organiste et musicien au service de l’archevêque de Salzbourg, grand mélomane qui lui donnera l’autorisation d’aller à Rome en 1680 pour étudier avec et . Composé pendant son séjour romain, est légitimement considéré comme le témoignage musical de ce que Muffat a appris et entendu à Rome.
Muffat écrit fièrement à propos de ces cinq sonates ou concertos : « J’avois êté le premier, qui apportay en Allemagne à mon retour d’Italie des essais de cette nouvelle harmonie ». Il avait ingénieusement mêlé « la maniere Italienne » à « la vivacité & douceur des airs de balets à l’imitation de feu Monsr. Baptiste de Lully » apprises à Paris quelques années auparavant.
Synthèse géniale, l’Armonico Tributo se veut témoignage d’une concorde dépassant le cadre esthétique mais se concrétisant sur les plans culturels et politique : « Ma profession est bien éloignée du tumulte des armes, & des raisons d’Estat qui les font prendre. Je m’occupe aux notes, aux chordes, & aux sons. Je m’excerce a l’Etude d’une douce Symphonie : & lorsque je mêle des airs François, a ceux des Allemans & des Italiens, ce n’est pas emouvoir une Guerre ; mais plustot preluder peut-être a l’harmonie de tant de nations, a l’aymable Paix.»