Quatuors parisiens
Quand Telemann arriva à Paris pour un séjour de six mois en 1737, ce n’était pas le jeune musicien en quête de quelques concerts, ni même à l’affût d’une reconnaissance princière ou royale : il débarquait pour un séjour triomphal, en musicien courtisé, célèbre, précédé d’une renommée européenne qui allait grandissante. À la différence de son illustre contemporain Bach qui, lui, s’enterrait dans son coin de Leipzig en écrivant des œuvres géniales mais toujours plus ésotériques –, Telemann restait à la pointe de la mode et de la galanterie ambiante. N’eut-il pas pour interprètes, en débarquant à Paris, Blavet à la flûte et Forqueray fils à la viole de gambe ? Ses Nouveaux quatuors ne furent-ils pas achetés par souscription par rien moins que 237 grands noms d’alors – dont un certain M. Bach de Leipzig, d’ailleurs –, et n’assista-t-il pas au triomphe de sa musique tout au long de son séjour ? Détail d’écriture assez important dans ces quatuors : la partie de viole de gambe n’est absolument pas un simple continuo mais une véritable partie soliste, copieusement virtuose : flûte, violon et viole discutent sur un pied d’égalité. Voilà réellement le sommet de la musique de chambre de Telemann, une musique hautement fantaisiste et créative.