Artistes
Bruno Cocset , Basse, ténor et alto de violon
Emmanuel Jacques, Basse et ténor de violon
Mathurin Matharel, Basse de violon
Richard Myron, Contrebasse
Bertrand Cuiller, clavecin et orgue
Canzoni per ogni sorte di strumenti
Avec la viola bastarda, instrument roi dans l’art de diminuer pendant près d’un siècle et joué par Monteverdi lui-même, l’Italie est le témoin d’un mélange des familles violes/violons : de la taille d’un ténor de viole, il associe en effet les deux factures (un lien qui peut sembler familier quand on joue les grandes basses de violon à 5 cordes, avec des couleurs de timbre qui se rapprochent ou complètent celles de la basse de viole. Le violoncelle piccolo en sera plus tard un prolongement, sorte de pont entre les deux familles si bien mis en valeur par J.S. Bach).
L’existence de pièces virtuoses écrites pour cet instrument “hybride” et descendant jusqu’au sol grave sous la portée en clef de fa peut laisser penser qu’il existait de grandes “viola bastarda” capables de diminuer, avec une étendue et une « maniabilité » supérieures aux grands « violone » (Vincenzo Bonizzi : “Passaggiate principalmente per la Viola Bastarda”… Venezia 1626).
Les instruments joués pour ce programme composent un consort de violon, la plupart fabriqués « alla bastarda » par le luthier Charles Riché : outre la grande basse en sol citée plus haut et accordée en quartes et quintes successives, une contrebasse vénitienne à 3 cordes (Willibrord Crijnen), des basses de violon en Sib (du luthier Alain Meyer), des ténors à 4 et 5 cordes et un alto à 5 cordes élaboré d’après une nature morte de Bartolomeo Betterra. Constatant avec bonheur que jouer les parties de dessus à l’octave inférieure donnait à ces pièces une couleur inhabituelle, suave, chaleureuse, plus intimiste, et laissant toutefois le contrepoint compréhensible, nous avons utilisé pour ces parties deux ténors de violon, l’un inspiré d’Amati, et l’autre de Gasparo da Salo, accordés en quintes (sol-ré-la-mi). Pour les canzones à quatre voix distinctes et certaines pièces « a canto solo » dont le dessus n’est pas octavié, l’alto « da gamba e a la bastarda » sera employé.
Bruno Cocset