Métamorphose de la musique espagnole

L’unité de la musique européenne s’est d’abord faite autour de la musique liturgique par l’intermédiaire du chant monodique, le « chant grégorien » puis par le style « franco-flamand » qui s’impose comme langage musical dans tous les pays et tous les répertoires à partir de la fin du XVème siècle.

Cette unité explose au XVIIème siècle; l’Italie puis la France deviennent des modèles pour toute l’Europe. Les compositeurs de tous horizons jouent la « nouvelle musique », sonates, motets concertants et s'inspirent du "stil nuovo" transalpin puis du style français.

L’Espagne restera longtemps en retrait de cette évolution malgré la qualité de ses musiciens et de ses compositeurs. Les « Bandas » et « minestrels », ensembles d'instrumentistes liés aux princes ou aux villes continuent à improviser et arranger, comme au XVIème siècle à partir du répertoire polyphonique vocal en usage, profane ou sacré. Ces musiciens jouent également le répertoire écrit et édité pour orgue comme le mentionne Cabezon dans la préface de ses oeuvres pour orgue.

Retrouver et faire revivre le répertoire hispanique nous oblige, comme autrefois, à puiser dans le répertoire vocal, complété par celui de l’orgue; par ailleurs, ce dernier continuera à maintenir une certaine unité musicale en Europe. L’art de Sweelinck, d’Arauxo ou de Cabanilles présente des similitudes avec celui de Frescobaldi, Scheidt ou encore de Scheidemann dans le traitement de la virtuosité. Quand aux instruments : cornet, sacqueboute, viole et doulciane, ils sont encore présents dans toute l’Europe à une époque où le violon s’impose peu à peu et partout comme l’instrument par excellence de la nouvelle musique. C’est ce mélange somptueux de sonorités, semblable aux registres de l’orgue que l’on retrouve dans les instrumentations proposées dans ce programme.