Musica di Danze e di Affetti, il Violino italiano del XVII secolo

C'est en Italie, à Milan, que se constitue à la fin du XVIe et début du XVIIe siècle la première école de violon. Jusque-là considéré comme un instrument de laquais, à l'inverse de la viole ou de la flûte à bec qui sont de la famille des instruments nobles de l'époque, et ne servant qu'à faire danser de par son registre aigu, il va dès lors, grâce à des violonistes tels que Ricardo Rognono et Francesco Rognoni son fils, prendre une place de plus en plus importante pour se développer dans le nouveau style naissant.
En effet, au début du XVIIe siècle, tout change dans la théorie de la musique et la théorie des arts en général. Un intérêt particulier pour les Anciens apparaît et se manifeste par la théorie des passions chez les humanistes. Ainsi une nouvelle manière de penser et d'écrire la musique va naître, prenant pour modèle la voix telle qu'elle était utilisée chez les poètes Grecs avec sa mélodie, son rythme, son harmonie et son intensité, pour provoquer des émotions. C'est la Renaissance: les instruments vont perdre leur “fonction” et se « vocalisent» pour se rapprocher de la voix, des paroles et toucher le cœur de l'homme.
Ludovico Zacconi, dans son traité Pratica di Musica publié à Venise en 1592, est le premier à parler des affects en les divisant en deux catégories: les affetti intrinseci, qui sont les émotions qui se trouvent dans la musique elle-même, comme l'a expliqué Zarlino dans son traité lnstitutione Harmoniche en 1558, et les affetti estrinseci, qui sont celles que l'interprète apporte à la musique quand il la joue.